J'ai déjeuné avec Marion. Elle était habillée comme pour un rendez-vous galant. Je lui ai dit et on a parlé de ce que signifiaient les mots virilité et féminité. D'un côté, le discours officiel, de l'autre, les stéréotypes. Officiellement, il n'y a plus de différence. Les droits sont les mêmes. On rechigne à habiller les petites filles en rose, les garçons revendiquent le port de la jupe. En pratique, les garçons en jupe ? Ça ne dépasse pas quelques journées de manifestations plus ou moins loufoques. Si les filles s'habillent très souvent comme des garçons, le contraire n'est pas vrai. Et, à y regarder de plus près, les filles, on peut même dire les femmes, s'approprient de manière spécifique le vêtement dit masculin. De toute évidence, hommes et femmes revendiquent leurs différences dans leur apparence. Et cette apparence influe indubitablement sur leur façon d'être. Certaines, certains, voient dans ce phénomène une soumission à des diktats. Les femmes seraient contraintes de s'habiller selon une norme qui les contraindrait. Il est vrai qu'à force de se déplacer en talons hauts ou en jupe étroite, la démarche, le déplacement, la silhouette, en sont affectés. Et les rôles dévolus sont conformes à la perception que la société a des unes et des autres. Alors il est tentant de vouloir démonter la mode, de la refuser, de dénoncer son caractère avilissant.  Mais ce serait se marginaliser vis à vis de la société et il n'est pas certain que les femmes aient vraiment envie de renoncer à leur apparence spécifique. C'est l'opinion de Marion. Elle ne voit pas en quoi le choix du vêtement influerait sur son comportement. Elle adapte sa tenue à l'activité. Pour elle, c'est aussi simple que cela. Au-delà de l'apparence, revenons aux mots. Féminité, tout d'abord. Le mot est associé à des tonnes de stéréotypes véhiculés autant par le commun des mortels que par celles et ceux qui les dénoncent. Féminité évoque immanquablement la bienveillance, la douceur, l'élégance, la patience... étrangement, que des qualités. Au contraire de la virilité qui, lorsqu'elle n'est pas associée à la brutalité, la violence, à la guerre, elle est reléguée à une pratique sexuelle prédatrice. Marion partage cette approche manichéenne. Je sais bien qu'elle se démontre chaque jour. Elle est à l'origine de la civilisation. Chez les Grecs, par exemple, Athéna s'opposait à Poséidon, mais je la trouve trop simpliste... et surtout, en décalage total avec le quotidien des femmes et des hommes qui revendiquent leurs différences et qui, pour beaucoup encore, sont irrésistiblement attirées par ces mêmes différences.

A moins que l'humanité n'ait pas encore pris la mesure du mal qui la mine de l'intérieur. Mais là, c'est un autre sujet!

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